C’est la fin, plus personne ne viendra, la fête est finie, la nuit va venir.
Tata est enterrée et bien enterrée !
Mais quelle fête ! Deux jours sans fermer l'œil, la maison remplie de monde, la musique à fond… Je me demande combien de litres d’alcool on a pu ingurgiter… Sans parler de ce qu’on s’est mis dans le pif ! Même Tonton René s’est pris une ligne ! Quel fêtard, celui-là !
Je vais prendre un dernier verre. J’ai pas envie de dormir, il est trop tôt. À peine 20h et ils sont tous en train de roupiller dans les canapés. Ça m’amuse de les regarder, si calmes après la tempête.
Tata Claudine, 6 pieds sous terre… Enfin ! Qu’est-ce qu’on ne t’aimait pas ! Le sujet mettait toute la famille d’accord ! Raciste, homophobe, méchante avec tout le monde ! Tu n’avais rien pour toi. Allez, si, tu aimais les animaux… C’est déjà pas mal ! Même si ça ne te dérangeait pas de manger ton steak saignant tous les jours.
À vrai dire, même ton clébard est méchant ! Tu l’as appelé « Virus » ! Pas étonnant !
Et ben, tu sais quoi, Tata Claudine ? Ton clebs, c’est moi qui vais m’en occuper ! Ça sera mon héritage et je sais, avec joie, que ça ne te fait pas plaisir ! L’horrible tapette qui te servait de neveu, va s’occuper de Virus, le pékinois ! Je vais même le choyer, ton Virus ! Parce que, tu vois, contrairement à toi, je suis né avec un cœur !
Enfin…
Grâce à toi, on s’est bien marrés, ces deux derniers jours ! L’invitation disait : « Claudine n’est plus là, célébrons la mégère ! » Le village a a-do-ré ! Même le curé est passé. Faut dire qu’il ne t’aimait pas non plus et que tu lui rendais bien ! Une passion mutuelle en quelque sorte.
Dans quelques heures, on va devoir ranger tout ce bordel. On sait que tu ne nous as rien laissé. Ce petit château idyllique en lisière de forêt sera mis en vente et l’argent versé à une association quelconque venant en aide aux animaux. Le notaire ne nous apprendra rien.
C’est la dernière fois que je vois Lierneux. Une fois la porte close, je n’y reviendrai pas.
De ce village, je ne veux garder que mes souvenirs d’enfance, les plus beaux, ceux où l’on te faisait enrager lorsqu’on venait en vacances chez toi avec les cousins !
À ta santé, Tata Claudine !
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